Ensemble Pour l'Afghanistan - EPA
Education des Filles
1- Contexte du système éducatif afghan
La qualité de l’enseignement du pays est dans un état critique et les défis restent immenses:
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Sur les 15 000 écoles déclarées la moitié d'entre elles se déroulent à l’air libre ou sous tente. Celles ayant des locaux sont surchargées (40-60 élèves par classe) et fonctionnent en 3 rotations.
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La durée effective de l'enseignement quotidien ne dépasse guère 1h30 contre 4h30 dans les années 60-80s. Le maigre contenu de l'enseignement et le manque de moyens expliquent les acquis très limités des élèves. 50% des élèves de CM1 et CM2 sont quasi illettrés et certains élèves de terminale butent sur de simples opérations de division et multiplication.
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Près de 50% des enfants d'âge scolaire, notamment les filles, n'ont pas accès à l'instruction, dû au manque de structures et d'enseignants mais aussi lié à l'insécurité, la pauvreté et au travail des enfants. Ce dernier fléau touche près de 3 millions d'enfants de 5 à 14 ans.
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Compétence très insuffisante des enseignants puisque 70% d'entre eux possèdent au mieux un Bac. Seuls 4 à 6% des enseignants possèdent un master et sont concentrés dans les grandes zones urbaines.
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A peine une fille sur trois est scolarisée, avec une durée de cursus très brève puisque 80% d’entre elles ne poursuivent pas au-delà de la 6ème. La moitié des districts du pays n'a pas de secondaire pour les filles, faute d'établissements et d'enseignantes.
Dans ce contexte, notre soutien aux maternelles du district 7 ne trouvait son sens que si l’on se préoccupait aussi des conditions de leur scolarisation future, dans les établissements du même district.
Par conséquent, dès 2007, nous avons amorcé un vaste plan de soutien pour les niveaux de primaire et de secondaire- lycée de Tchelsetoun (6 000 élèves) puis l'avons étendu aux lycées Sultan Razia (5 800 élèves), Razi Adé (7 500 élèves), Imani (2 500 élèves) et Ali Shams (6 300 élèves). Total de près de 28 000 élèves.
Ces établissements, appelés lycée, scolarisent des filles et des garçons (classes non mixtes) du CP à la 6ème puis uniquement des filles de la 5ème à la terminale.
2. Nos objectifs
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Élever les compétences académiques et pédagogiques des enseignantes, à travers un programme soutenu de formation.
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Améliorer les acquis de connaissance des élèves via des cours de soutien.
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Développer le sport féminin, comme facteur d'épanouissement et d'émancipation des jeunes filles.
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Améliorer l'hygiène des établissements à travers la mise en place et l'entretien des structures sanitaires.
L'amélioration du standard et des conditions éducatives devraient contribuer aussi à l'allongement du cursus scolaire des filles vers le secondaire et au-delà.
Ce programme, qui a débuté en 2007, est destiné aux enseignantes du secondaire des 5 établissements soutenus par EPA. Il est centré sur 4 matières: Maths, Physique, Chimie et Biologie.
Nous estimons que pour aligner les compétences au curriculum un minimum de 300 heures de formation est requis pour chacune de ces enseignantes, malgré leur profil (68% Bac+2 et 23% de Bac+4) qui est largement au-dessus de la moyenne nationale.
Ces formations, intégralement financées par EPA, sont déployées avec l'accord du Rectorat de Kaboul et sont animées par les formateurs du Centre des Sciences et Technologies d'Afghanistan (CSTA).
7 sessions ont été organisées depuis 2007 et 3 000 heures de cours dispensées à 700 participants.
Chaque session débute et se termine par un test d'évaluation dont les résultats sont officiellement communiqués au Rectorat et à la direction des écoles. La progression enregistrée des acquis est en moyenne de 40 à 50%.
Jusqu'à présent nous organisions des sessions de 50 heures par matière, étalées sur 20 jours.
A partir de 2020, nous allons enrichir ces sessions par 4 à 5 heures de suivi individuel en classe et souhaiterions déployer des formations vers les enseignants du primaire, en Maths et Dari.
Photo ci-contre montrant le Recteur remettant à notre chef de mission une plaquette de reconnaissance du Ministère de l'Education.
3. Nos actions, résultats et évolution
3.1 Formation des enseignantes
3.2 Cours de soutien périscolaire
Jusqu'à présent ces cours sont dispensés aux élèves des lycées Sultan Razia et Tchelsetoun. Entre 600 à 800 élèves participent à un cycle de 8 semaines, durant les vacances scolaires d'hiver, à raison de 2,5 heures par jour (6 jours/7).
Pour les élèves de primaires (CM1 à 6ème) les cours portent sur le Dari (l'une des 2 langues du pays, l'autre étant le Pashtoo) et le calcul.
Pour les élèves de 5ème à 3ème les matières enseignées sont les maths, la chimie, la physique et la biologie.
Les cours mobilisent entre 20 et 30 enseignantes des lycées concernés et leur assurent ainsi un 13ème mois de salaire.
Les cours débutent et se terminent par des tests d'évaluation. Au cours des 10 dernières années on note une progression moyenne des acquis de l'ordre de 50%, entre le début et la fin de ces cours.
Le volume d'enseignement, au cours de ces 8 semaines, est équivalent au programme d'une année pour les matières ciblées.
A partir de 2020 nous visons à étendre ces cours aux CP, CE1 et CE2.
3.3 Sport Féminin au lycée
La pratique sportive est certes reconnue comme un facteur important de développement et d'épanouissement mais pour les jeunes afghanes, elle est aussi une composante clé de leur combat pour l'émancipation et l'exercice de leurs droits fondamentaux.
Alors que le sport féminin a connu un essor important dans les années 60-80, notamment dans le grandes villes, sa pratique est aujourd'hui embryonnaire, due au conservatisme ambiant et au manque sévère de moyens (terrains, profs d'EPS, équipements...).
Notre modeste contribution à ces défis a été la construction et l'équipement, en 2017, de 2 terrains de sport collectif au sein des lycées Sultan Razia et Tchelsetoun. Une dizaine de tournois inter établissements, en volley-ball, ont été organisés depuis, dans une ambiance très compétitive mais aussi d'émotion intense exprimée par les joueuses et leurs supporters.
Dès 2020 des équipes vont être aussi constituées en basket-ball et cricket. 5 à 6 tournois sont planifiés chaque année.
Nos 2 lycées figurent parmi la petite vingtaine d'établissements de filles du pays disposant d'un terrain de sport et d'équipe de compétition.
3.4 Hygiène au sein des lycées
L’absence de structures sanitaires adéquates est l’une des causes majeures d’absentéisme des adolescentes, notamment lors de leur cycle menstruel. Quant au défaut de lave main collectif, il est source de nombreuses maladies parasitaires.
En 2013, nous avons réhabilité le bloc sanitaire (20 cabines de WC) du lycée Sultan Razia (plus de 6 000 élèves) et mis en place un entretien régulier des latrines. En 2019, nous avons recruté une personne à temps plein pour assurer la propreté quotidienne des sanitaires et latrines.
Sur le lycée Tchelsetoun (plus de 6 000 élèves aussi), au-delà de l'entretien des latrines, mis en place en 2013, nous avons construit un réservoir de 2 000 litres et un bloc associé de lave main collectif.
3.5 Réhabilitation des locaux
En 2007, construction et équipement d'un bloc pédagogique au sein du lycée de filles Tchelsetoun. Celui ci comprend un laboratoire, une bibliothèque et une crèche pour les enfants des enseignantes.
En dehors de travaux conséquents comme ci-dessus EPA intervient tout au long de l'année, sur les lycées Sultan Razia et Tchelsetoun, pour des travaux d'entretien et de réparation (sanitaire, porte et fenêtres des classes, canalisation et réservoir d'eau, pompe à eau des puits...).