Ensemble Pour l'Afghanistan - EPA
Micro Crédit pour Paysans et Artisans
1. Contexte
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Sur la superficie totale du pays- 650 000 km²- on ne compte que de 12% de terres arables dont une moitié en culture pluviale et l'autre en culture irriguée. Cett répartition montre la vulnérabilité des rendements aux conditions climatiques, aggravée par l'insécurité et l'insuffisance d'infrastructure d'irrigation.
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L'activité agricole est source de revenu pour plus de 60% de la population. La terre et l'eau determinent les conditions de survie et de développement d'un pays où 40 à 50% de la population est exposée à une insécurité alimentaire sévère.
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Près de 60% des exploitations sont inférieures ou égale à 1 hectare, avec un revenu annuel moyen (licite, hors exploitant de pavot) de près de 1 000 €. Les grands propriétaires terriens (au delà de 20 Ha) représente 6,5% des exploitations mais concentrent à eux seuls plus de 45% des terres arables.
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30 à 40% des agriculteurs travaillent comme métayers ou travailleurs journaliers, sur des proprietés de plus de 5 Ha, pour un revenu annuel de 500 à 700 € (hors culture du pavot). Leur période d'activité ne dépassant pas 5-6 mois.
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Plus de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté, estimé pour le pays aux alentours de 0,7 € par jour et par tête.
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Le revenu journalier moyen d'un agriculteur (hors pavot) ou d'un artisan se situe autour de 1,5 à 2,5 €. Ce faible revenu pousse les familles à faire travailler leurs enfants, au détriment de l'école, afin d'assurer la subsitance du foyer familial (7-10 personnes sur 3 générations).
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L'accès au crédit pour les paysans et artisans indépendants est quasi inexistant via le système bancaire.
2. Nos Objectifs
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Tester un programme pilote, destiné aux paysans et artisans, capable des les extirper durablement de la pauvreté.
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Combiner la lutte contre la pauvreté avec le droit à l'éducation des enfants, en leur donnant accès aux maternelles et établissements scolaires soutenus par EPA.
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Identifier l'impact du programme sur l'amélioration du climat familial, notamment la réduction des violences envers les femmes.
3. Notre action et nos résultats
Nous avons initié un programme de Micro Crédit en 2007 sur la base des critères suivants:
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Bénéficiaires: paysans, horticulteurs et artisans
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Durée de 3 ans maximum, sans intérêt (taux 0 %).
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Montant allant de 150 à 1 500 €, selon projet.
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Scolarisation obligatoire des enfants de 6 ans et plus.
En 2007 nous avons accordé 5 micro-crédits à des paysans maraichers, en zone péri urbaine du district 7 de Kaboul. Le montant de chaque crédit était 1 200 €, affecté de la manière suivante:
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700 €: achat d'une vache et de son veau, pour développer le cheptel familial et assurer un revenu régulier via la vente de lait.
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500 €: achat de semences et d'engrais plus la location d'un hectare de terre.
La vache achetée grâce au micro crédit a assuré une production laitière moyenne de 12 litres par jour et aura généré un revenu annuel de près de 1000 € net.
L'activité maraîchère, une fois le crédit remboursé intégralement, aura généré à son tour un revenu net de 1 000 €/an.
Ces 2 000 € de revenu annuel constituent un triplement de revenu par rapport à leur ancien statut de journalier. Ce montant équivalait aussi au double du salaire d'un enseignant.
En l'espace de 3 ans ces paysans sont passés du statut de pauvre et précaire à celui d'autosuffisance, d'autonomie et de dignité rétablie.
Leurs enfants de 6 ans et plus (au nombre de 13 pour ces 5 paysans) ont tous été scolarisés dans les écoles soutenues par EPA, dans le district 7.
Fort de ces résultats nous avons accordé, entre 2008 et 2014, 11 micro crédits supplémentaires : 6 paysans et 5 artisans. Ces derniers ont créé leur micro entreprise et ont embauché 6 apprentis.
En ce qui concerne les femmes des bénéficiaires, 7 d'entre elles se sont inscrites à nos cours d'alphabétisation, au sein de la Maison de Quartier et ont pu bénéficier aussi des consultations au sein de notre antenne de santé.
Plusieurs d'entre elles ont aussi témoigné de l'effet que l'amélioration de leur situation pécuniaire a pu produire sur l'apaisement relationnel au sein du foyer familial.
Le taux de recouvrement sur nos crédits aura été de 100%. Ce qui signifie que des familles ont été extraites durablement de la pauvreté sans que cela nous ait coûté un euro.
Un tel programme, extrapolé au niveau national aurait nécessité de créer un fond de 5 à 7 milliards d'euros et permettrait non seulement d'éradiquer la pauvreté mais aussi la violence, la drogue et l'illettrisme. Sur le plan économique, et sur la base de notre expérience, l'impact sur le PIB serait de 15 à 25 Milliards d'euros soit une croissance de plus de 100%.
En 2009 lorsque nous avions abordé ce point à Kaboul avec un représentant du FMI il nous a été dit qu'un crédit à taux zéro est contraire aux règles d'un marché libre et s'apparente trop à un modèle "communiste".
Les visions dogmatiques sont celles qui ont conduit au fiasco actuel malgré les 1 000 milliards dépensés au nom de l'Afghanistan (et non pour l'Afghanistan).
Aminullah, horticulteur
Amin, notre chef de mission avec 2 paysans (Shafi & Guldad) bénéficaires du crédit.
Wazir Gul, menuisier, et son apprenti
Kwaja, maçon handicapé portant une prothèse de jambe
Samad, paysan de Mianjoy, et sa famille